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Origine du modèle MOA MOE

Un des principaux reproches que l’on entend émettre sur le modèle MOA/MOE est son caractère non exportable, marqué notamment par la difficulté de trouver une « bonne » traduction en anglais.

En effet, dès lors que l’on rattache les origines du modèle à un dispositif juridique, en l’occurrence la loi MOP [2] qui est relative à la maîtrise d’ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée applicable aux constructions publiques, on s’aperçoit qu’il est vain de penser pouvoir restituer son essence et sa substance dans une langue étrangère en quelques mots sans en faire une référence explicite. Ainsi, s’il est pratique de traduire maîtrise d’ouvrage par « business owner » dans un CV ou une fiche de poste, on peut s’interroger sur la pertinence de représenter le rôle de maîtrise d’ouvrage par «business owner » dans un manuel méthodologique.

En vue de conforter ce rattachement déterminant dans la compréhension du modèle, retournons dans les années 80, époque de promulgation la loi MOP (1985) et risquons la narration ci-dessous :

À cette époque, l’architecture des SI est propriétaire, centralisée (« mainframe ») et comprend simplement deux couches : d’une part, le matériel et son système d’exploitation, et d’autre part, des programmes développés en code Cobol ou Fortran et dont les fonctionnalités aident le plus souvent à automatiser des opérations de paye, de comptabilité et de facturation.

Pour la couche basse, les entreprises françaises se fournissent chez le duopole formé par la multinationale IBM et le constructeur national Bull. A la livraison du matériel, elles en acquièrent la propriété.
Pour la couche haute, en cas de développement externe, les entreprises utilisatrices font appel à des sociétés de services et d’ingénierie en informatique (SSII), des entreprises qui fournissent un travail, -l’œuvre-. A la recette des programmes, la propriété (intellectuelle) du résultat de l’œuvre, -la propriété de l’ouvrage-, est naturellement transférée à l’entreprise utilisatrice qui devient le maître « de » l’ouvrage.


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[2] Loi n°85-704 du 12 juillet 1985 relative à la maîtrise d'ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d'œuvre privée.

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Source : Reproduction sous droit d'auteur de "Mutation du modèle MOA-MOE", Tru Dô-Khac, Bestpractices-Systèmes d'Information, 12 avril 2010